Linda Ryan, gestionnaire nationale de programme pour BCCA-IN

En tant que nouvel arrivant qualifié au Canada, le plus grand choc que subira votre trajectoire de carrière est souvent la réalisation qu’il faut du temps pour trouver un emploi dans votre domaine d’expertise lorsque vous êtes nouvellement arrivé au pays. Mon conseil est de bien attacher votre proverbiale ceinture, de vous préparer et d’organiser votre budget en vous disant que vous pourriez être sans travail pendant jusqu’à six mois. Puis, avant d’opter pour cet emploi de subsistance (un emploi qui permet de payer les factures mais qui n’est pas lié à votre carrière de rêves et/ou à votre éducation, vos qualifications ou votre expérience dans l’industrie), prenez une grande respiration et considérez toutes vos options de même que les conséquences positives et négatives associées à chacune de ces options. Vous ne devriez passer à l’action que lorsque vous aurez considéré toutes les répercussions d’une décision.

Voici quelques observations et vérités partagées par mes clients au sujet des emplois de subsistance…
  • Les emplois de subsistance sont en effet des emplois de subsistance. Ils répondent aux exigences de base afin d’être autosuffisant (financièrement) et de s’épanouir (professionnellement).
  • Ils peuvent davantage vous nuire que vous aider pour bâtir votre carrière puisqu’ils prennent une partie du temps et de l’énergie dont vous disposez pour faire du réseautage, chercher un emploi, procéder à du développement professionnel ou à des entrevues.
  • La plupart des nouveaux arrivants admettront (plus tard) qu’ils n’aimaient pas leur emploi de subsistance. Celui-ci a eu un effet négatif sur leur productivité, leur rendement et leur santé mentale. Il a aussi mené à être réactif plutôt que proactif au moment de prendre d’importantes décisions de vie, d’établissement et de carrière durant leurs premières années au Canada.
  • Dans les cas où la productivité et le rendement n’étaient pas satisfaisants dans le cadre d’un emploi de subsistance, les nouveaux arrivants ont indiqué qu’il était difficile d’obtenir ou de demander une référence d’un employeur. Le temps passé dans cet emploi est donc devenu une partie gênante de leur CV.
  • Les emplois de subsistance offrent de moins bons salaires, créent un cycle négatif de « manque de temps » (parce que vous devez travailler plus d’heures pour gagner suffisamment d’argent ou parce que vous n’êtes pas en mesure de prendre du temps pour passer une entrevue pour votre emploi de rêves) et de « manque d’énergie » (pour investir dans votre carrière, vos passe-temps et votre famille une fois à la maison après votre quart de travail). Ce cycle négatif fait en sorte que les nouveaux arrivants se demandent « Pourquoi suis-je venu au Canada? ».
  • Ces jours-ci, la réalité de la COVID-19 fait en sorte qu’un nombre important d’emplois de subsistance dans les secteurs du commerce de détail et des services et de l’accueil sont inexistants ou en suspens. Ainsi, les personnes nouvellement arrivées à la recherche d’un emploi de subsistance comme option de revenu font maintenant face à une compétition plus féroce pour des emplois pour lesquels ils n’ont pas d’expérience.

En bout de ligne, tout est une question de perspectives et de priorités.

Un bon conseil est de prendre le temps de déterminer ce que vous souhaitez (à long terme) comparativement à ce que vous êtes prêt à tolérer (à court terme).

En tant que nouvel arrivant cherchant votre premier emploi au Canada, souvenez-vous que le plus tôt que vous démontrerez que vous avez de « l’expérience canadienne » (p. ex. par l’entremise d’acquis pertinents à votre carrière, de l’adhésion à des associations professionnelles locales, de l’établissement d’un réseau, du fait d’occuper des emplois de plus bas niveau qui mèneront à votre emploi de rêves), le plus tôt vous serez considéré au même titre que des candidats ayant une éducation et une expérience de travail canadiennes. Cela vous permettra d’avoir un pied dans la porte plus tôt et de donner un élan à votre carrière!

Linda Ryan est la gestionnaire nationale de programme chez BCCA-Integrating Newcomers, un service d'encadrement de carrière gratuit à l’échell nationale et financé par le gouvernement du Canada pour les professionnels de la construction hautement qualifiés qui immigrent au Canada.