Une femme en blazer vert souriant à l'appareil photo Ana Ortiz, Consultante en emploi d’ON Bâtit

Travailler de la maison est la solution que plusieurs employeurs ont accepté d’implanter afin de continuer à opérer lors du déclenchement de la pandémie de COVID-19, malgré les craintes de nombreuses entreprises et organisations quant à la productivité de leurs employés. Pour plusieurs employés, cette mesure s’est avérée une opportunité de ressentir une certaine « liberté » et le modèle a été accueilli favorablement par la plupart des travailleurs tandis que les employeurs s’inquiétaient quant à la façon de gérer une équipe à distance de manière efficace et d’implanter de nouvelles façons de superviser le travail des employés.
 
Avantages et désavantages
 
Du côté des avantages, on peut noter le temps que plusieurs travailleurs ont économisé en ne se rendant pas au travail, et le fait d’avoir évité les autobus bondés, d’être coincés dans des bouchons de circulation et d’avoir à payer pour leurs déplacements et leur stationnement. En ce qui concerne les désavantages, les travailleurs ont vécu l’isolement et ont eu à composer avec plusieurs préoccupations à la fois, les problèmes communs étant d’avoir à répondre à la porte lorsque quelqu’un sonnait, à aider leurs enfants à se connecter à leurs classes virtuelles, et à s’assurer que leurs animaux de compagnie soient silencieux lors de réunions en ligne.
 
Un autre des avantages de travailler de la maison est que la plupart des travailleurs ont bénéficié d’un meilleur équilibre travail-vie familiale, en ayant plus de temps pour compléter leur travail. Malheureusement, cela a mené à des horaires de travail irréguliers et plus difficiles à définir, créant des problèmes lorsque vient le temps de tracer une ligne entre le travail et la vie personnelle.
 
Passer plus de temps en famille est une autre répercussion positive du télétravail, jusqu’à ce que les travailleurs aient des complications en ce a trait à la garde d’enfants. Plusieurs employés travaillaient de la maison tout en s’occupant de leurs enfants alors que les écoles, les garderies et/ou les camps d’été étaient fermés. Ceci représente un défi pour la plupart des familles puisqu’elles doivent gérer différentes priorités en même temps.
 
Que disent les statistiques?
 
Malgré les défis, les sondages indiquent que la majorité des Canadiens préfèreraient continuer à travailler de la maison. Le sondage de la Banque de développement du Canada (BDC) portant sur le télétravail a révélé que 74 % des entreprises prévoient offrir la possibilité de travailler de la maison à temps plein après la pandémie tandis que 55 % des employés souhaitent continuer à travailler de la maison et que d’autres employeurs songent à adopter des modèles hybrides (Le télétravail est là pour rester, démontrent les études – CTV News). Cela apporte également une certaine flexibilité dans le processus d’embauche alors que les employeurs peuvent choisir des travailleurs de différentes provinces et villes, et parfois même de différents pays.
 
En fonction de ces informations, nous pouvons en déduire que les employés et employeurs voient plus d’avantages que de désavantages à travailler de la maison, mais est-ce le cas?
 
La Society for Human Resources Management (SHRM) a déterminé que le télétravail pourrait, de certaines façons, nuire aux opportunités de carrière.
 
Bon nombre de superviseurs ont dit qu’il est parfois difficile d’assurer un suivi du travail de chacun et qu’ils éprouvent de la difficulté à répartir les tâches équitablement. De plus, les gestionnaires ont commencé à développer des systèmes en matière de supervision et de surveillance afin d’assurer la productivité. Par ailleurs, 30 % des gens travaillant de la maison croient que travailler de la maison de manière permanente pourrait réduire le nombre d’opportunités disponibles, nuisant ainsi à la croissance et à la progression de carrière.
 
Cette recherche a également démontré que travailler de la maison engendre des dépenses additionnelles. Au total, 61 % des travailleurs interrogés ont dit avoir eu à payer pour de l’équipement ou du mobilier afin d’aménager un bureau à la maison. Ils ont aussi eu à payer pour un meilleur forfait internet, l’électricité et parfois le matériel nécessaire pour imprimer.
 
Travailler de la maison limite également les occasions de réseautage. Bâtir des relations avec des collègues a toujours été le facteur le plus crucial en matière d’opportunités de carrière. Avec ce nouveau mode de travail, les opportunités de développer ces relations s’en retrouvent affectées si les seules interactions se font via des plateformes numériques comme Zoom et Teams. Plus de la moitié des personnes travaillant de la maison interrogées croient que le télétravail pourrait nuire à leurs occasions de réseautage et à leurs relations de travail.
 
Qu’en est-il de la productivité?
 
Dans le rapport Travail à domicile : productivité et préférences de Statistique Canada, on révèle « qu’au début 2021, 32 % des employés canadiens âgés de 15 à 69 ans complétaient la plupart de leurs heures de travail de la maison, comparativement à seulement 4 % en 2016 ». « Parmi tous ces nouveaux travailleurs, 90 % rapportent être au moins aussi productifs que dans leur milieu de travail : 58 % ont accompli la même quantité de travail par heure, 32 % ont rapporté avoir accompli plus de travail par heure, et l’autre 10 % moins de travail par heure en travaillant de la maison. »
 
Bien que 35 % des Canadiens rapportent travailler davantage en raison du télétravail, les employés préfèrent tout de même ce mode de travail à celui exigeant que l’on se rende au bureau.
 
L’avenir du télétravail
 
Malgré ses avantages et désavantages, le télétravail offre une option flexible que la plupart des travailleurs accueillent favorablement et qui entraîne également des attentes plus élevées et une plus grande flexibilité de la part des organisations.
 
En contrepartie, les dirigeants s’inquiètent face à la possibilité de nuire à la culture en milieu de travail, à la coopération et à l’innovation chez les employés. Ils évoquent ces raisons afin de maintenir des bureaux en place, même s’ils jugent qu’il n’est pas nécessaire de demander aux employés de se présenter au bureau quotidiennement pour assurer la cohésion au sein de leurs équipes. Par conséquent, le modèle hybride se veut de plus en plus une option viable en tant que mode de travail pour l’avenir.
 
Les données laissent croire que la plupart des organisations prévoient offrir des espaces de travail hybrides pour maintenir des expériences positives avec le télétravail. Cela pourrait également avoir une incidence positive sur l’environnement alors que la circulation et la congestion routière seront réduites sur les routes, tout comme les espaces de bureau à louer.
 
Bien que toutes les industries ne soient pas prêtes pour une telle transition, celles qui ont déjà adopté ce mode risquent de le maintenir en place comme option pour leurs employés.
 
Quel mode de travail préférez-vous?